2ème atelier : un cas d’urgence :  » Le diabète insulino-dépendant  » 

Un cas d’urgence :  » Le diabète insulino-dépendant  » 

L’accueil des patients : entre nécessités et écoutes singulières

Le 11 décembre 2019 de 20h30-22h30 au CHU Hôpital Sud de Rennes

 

Le 2ème atelier Puls-médecine explorera notre thème de travail de cette année « Instants d’urgence en médecine » à partir d’une pathologie : « le diabète de type 1 ». Cette maladie se révèle le plus souvent dans le premier tiers de la vie ; elle surgit de façon totalement imprévisible. Ses symptômes sont à traiter avec urgence. Le traitement se fait par injection d’insuline.  Son arrêt a des conséquences immédiates : le patient doit être accueilli, hospitalisé, traité dans les 24 heures. L’urgence dans cette affection est donc convoquée à tous les niveaux.

 

Les réponses subjectives, elles, sont multiples, tant du côté du patient que du côté de l’entourage. Chaque patient traite et répond de façon subjective à cette nécessité vitale de surveillance et de traitement de son affection. Autrement dit, il y a une pathologie chronique et autant de réponse que de sujet. Le traitement doit se penser au cas par cas.

 

Comment faire passer cette « urgence vitale » à une appréhension plus pacifiée de cette maladie et de son traitement ?  Comment faire passer la contrainte à une acceptation raisonnable et de la maladie et du traitement ?

 

Nos invités viendront témoigner de la manière dont la maladie comme son traitement doit être pensée au cas par cas. Nous aurons la chance d’accueillir :

Le Docteur Marc de Kerdanet, chef de service, de l’unité d’endocrinologie pédiatrique du CHU de Rennes et président de l’association nationale des jeunes diabétiques. De sa longue expérience d’accueil de ces jeunes patients, voici en « avant-première » quelques-uns de ses propos qui révèlent l’éthique qui l’oriente :

« Je commence par : Alors raconte ? sans rien dire d’autre. Je me rends compte que ce qu’on aurait pu attendre des patients n’est pas ce dont ils parlent. Il est rare qu’ils commencent par la maladie mais évoque plutôt leur vie, leur sport, leurs amis. Parce que tu t’intéresses à eux, à ce qu’ils sont, il te raconte des choses toutes autres. Le but est d’ouvrir à du nouveau et à leur porter intérêt, à ce qui les motive en ce moment. Une adolescente, elle, a voulu d’emblée me parler de son diabète. Je ne vais pas l’empêcher de parler de son diabète mais si le patient parle d’autre chose, c’est tout aussi important. L’important : accueillir ce qui a à se dire. On n’est pas non plus là pour prendre le thé mais parler de maladie. Le patient est maître de la situation et il peut décider d’arrêter son traitement ! Un patient disait : « je n’ai pas besoin de tes piqures ». Nous sommes revenus ensembles sur l’origine de la maladie pour constater qu’elle était bel et bien là. L’important est qu’au-delà du diagnostic, le patient reconnaisse lui-même qu’il est malade et qu’il doit suivre le traitement ».

Si les patients et leur famille doivent acquérir des connaissances sur le diabète, ils ont à accepter de se mettre tous à « l’école du diabète » ce qui est autre chose que de leur imposer quelque  « éducation thérapeutique ».

Le Docteur Morgane Grandemange, assistante spécialiste du service des Grands enfants-adolescents du CHU de Rennes, participera avec nous à cet atelier, à ce work in progress. Elle a l’expérience de l’accueil de ces patients, surtout à l’heure contemporaine, des patients qui n’entendent plus les conseils médicaux mêmes si le médecin se fait des plus dociles. À l’heure de l’amélioration des conditions de contrôle des glycémies (freestyle) et des dispositifs d’injection de l’insuline (les pompes) le patient peut décider d’arrêter son traitement et/ou sa surveillance. Manifestement, nous n’accueillons plus aujourd’hui les mêmes patients qu’il y a 5 ans.

Qu’y a-t-il de nouveau ? Nouveau rapport du médecin au patient ? Ou du patient au médecin ? A quels changements – voire précarité du lien – avons-nous affaire aujourd’hui ?

Nous illustrerons ces propos avec le Docteur Marie Béatrice Saade, endocrinologue pédiatre. Elle nous rejoins et présentera une vignette clinique de sa pratique : « Pimprenelle, une certain usage de l’insuline ».

Les médecins sont de plus en plus en difficulté pour faire entendre à leurs patients la nécessité d’une surveillance et d’un traitement. Ils transmettent aux étudiants en médecine de s’intéresser non pas tant à la maladie qu’au patient qui a des choses à dire et qui doit être lui le maître de sa surveillance et de son traitement. Les médecins ont à se faire inventifs pour aller vers l’acceptation chez leurs patients de la maladie en améliorant leurs conditions de vie au quotidien : pour exemple, leur hémoglobine glyquée. Ils nous expliqueront de quoi il s’agit.

Ajoutons enfin, ce qui n’est sans nous inquiéter, qu’aux États-Unis, l’insuline est vendue très cher, au profit des laboratoires ; très mal remboursée, les patients franchissent les frontières pour se procurer leur insuline 22 dollars contre 300 dollars par exemple aux US [1].

Derrière cette affection, se jouent des questions éminemment subjectives qui demandent à la fois traitement d’urgence ettranquillité du lien dans l’accueil des patients qui en sont atteint.

[1]https://www.france24.com/fr/focus/20190401-insuline-scandale-etats-unis-diabete-pharmaceutique

 

L’atelier Puls-médecine est assuré par

Docteur David Briard

Chantal Tanguy

Et Emmanuelle Borgnis Desbordes

 

 

« L’aquarelle est pressante et veut sans complaisance

 Q’ un peintre s’accommode à son impatience

 La traite à sa manière, et, d’un travail soudain

 Saisisse le moment qu’elle donne à sa main.

 La sévère rigueur de cet instant qui passe

 Aux erreurs d’un pinceau ne fait aucune grâce.

 Avec elle il n’est point de retour à tenter

 Et tout au premier coup se doit exécuter. 

                                                                                                           Molière

 

Poème écrit pour célébrer le travail de son ami, le peintre Mignard, justement en train de réaliser la fresque de la coupole de la chapelle d’un hôpital qui deviendra, qui est, un des hauts lieux de l’urgence médico-chirugicale à Paris : l’hôpital du Val de Grâce. Lu dans « La sévère rigueur de cet instant qui passe », F Leguil Quarto 58, p 27.

En 1663, Pierre Mignard exécute le grand décor de la coupole principale, puisant son inspiration dans l’exemple du Corrège au Duomo de Parme. Empruntant le tourbillonnement vertigineux des figures au maître italien, Mignard compose La Gloire des Bienheureux.